lundi 3 janvier 2011

Last Bullet

Depuis ma rencontre avec les Kuntz dans le Dakota en 2005 et ma découverte de l'histoire des Nokotas, après être allé sur place de nombreuses fois, avoir rencontré des personnes aussi intéressantes que Leo et Frank Kuntz, Butch Thunderhawk ou Castle Mc Laughlin, l'historienne qui a retracé l'histoire du Nokota, après avoir collecté nombre de documents, j'avais envie de donner naissance à une synthèse de cette histoire, réunir logiquement toute cette documentation, ces sensations issues de mes voyages et du contact avec ces chevaux si particulier.

Alors plutôt que d'écrire une histoire du cheval Nokota qui n'aurait pas apporté grand chose au travail universitaire de Castle Mc Laughlin, et pour permettre à mes lecteurs de vivre de l'intérieur cette extraordinaire épopée, je suis parti de la phrase de Huidekoper, un rancher des Badlands, qui dit dans ses mémoires avoir acheté des chevaux de la bande de Sitting Bull confisqués à la frontière, ajoutant que certains avaient encore des cicatrices des balles reçues à la bataille de la Little Big Horn.

J'ai donc donné vie dans ce roman à Last Bullet, une jument née en liberté dans la Prairie, capturée par les indiens et qui vivra le destin qui l'amènera des années plus tard dans les mains des ranchers des Badlands. Le jeune indien qui la recueille est Blue Hawk dans mon livre, mais dont l'histoire est inspirée de la vie de Iron Hawk, le plus jeune guerrier ayant participé à la bataille de la Little Big Horn et à la bataille de la Rosebud, à l'âge de 14 ans, et qui allait vivre jusqu'à 99 ans. Il est mort en 1961, l'année de ma naissance. Et comme il n'y a pas que des guerriers sioux dans la Prairie, place est faite aussi dans ce livre à Jack Dorcy, inspiré de la vie de James Darcy, cavalier survivant de la bataille de la Little Big Horn et dont l'histoire nous est parvenue.

J'espère que vous aurez plaisir à vous plonger dans cette épopée, des chevaux libres de la Prairie américaine jusqu'à la reddition finale des sioux en passant par la fureur des combats de la Rosebud ou de la Little Big Horn.

Le livre est disponible uniquement sur le Web sur le site de Blurb.

mercredi 22 juillet 2009

Feeding the right dog (nourrir le bon chien)

Il y a un concept qui me trotte dans la tête depuis quelques temps, et qui fait son chemin depuis que je l'ai rencontré une première fois dans un roman policier, avant qu'il ne prenne tout son sens en lisant les textes d'un homme de cheval.

L'idée est très simple, elle consiste à imaginer que chacun reçoit à sa naissance deux chiens, qui représentent pour l'un ce qui est bon en nous, et pour l'autre ce qui est mauvais. A chaque action que l'on fait dans sa vie, on nourrit ensuite un chien ou l'autre, une action positive nourrit le "bon" chien, une action négative ira nourrir l'autre.

Plus on accumule les bonnes actions et les pensées positives, plus le "bon chien" va prendre de la place, sera joyeux et exubérant, plus il sera présent en nous et plus son enthousiasme et sa joie seront un moteur naturel de notre existence.

Au contraire un être qui accumulera les actions néfastes verra son "mauvais chien" prendre de plus en plus d'importance, devenir de plus en plus agressif, au point qu'il finira probablement par tuer ce qui reste du "bon" chien, excluant tout retour en arrière. Occupant tout l'espace ce chien devient alors le maître, l'on devient le jouet de ses instincts néfastes.

Lorsque l'on donne un peu de relief à cette idée, elle nous amène à trois réflexions intéressantes.

La première c'est que l'on est maître de son destin, on est et l'on devient ce que l'on fait, chacun a reçu ses deux chiens à la naissance, peut-être que pour l'un les deux chiens n'étaient pas égaux, mais ensuite c'est nous qui les avons nourri, à chaque instant de notre existence. Que l'on soit gai ou triste, positif ou négatif, ce n'est pas une fatalité extérieure mais le résultat de chaque petite chose que l'on a pu faire chaque jour, si l'on a été attentif à nourrir le bon chien et affamer l'autre, ou si l'on s'est contenté de se laisser vivre en nourrissant indifféremment les deux.

La deuxième réflexion importante c'est que tant que le bon chien a encore un souffle de vie, il est possible de lui permettre de reprendre des forces et d'inverser le cours des choses. Même la pire crapule, en ayant par exemple une attention pour quelqu'un, va donner un petit os à ronger au bon chien, qui pourra survivre et peut-être un jour reprendre le dessus. C'est donc un message d'espérance, tant que les méchants n'ont pas définitivement tué ce chien, nous pouvons nous aussi les aider à ne pas le laisser mourir.

Enfin, une troisième réflexion est que tant que l'on abrite en soi les deux chiens, et tant que l'un n'a pas encore pris le pas sur l'autre, on est dans une situation de conflit intérieur, les deux chiens se battent pour savoir qui va prendre le dessus. Mais dès que l'on a fini par établir sa préférence et que le bon chien grandit et gagne en force, alors la sérénité vient, chaque fois que le mauvais chien tente de se manifester un grondement du bon chien le renvoie directement la queue entre les jambes se coucher, de plus en plus maigre.

Mais qu'en est-il des chevaux ? Si l'on considère qu'ils ont eux aussi ces deux facettes dans leur personnalité, un bon chien et un mauvais chien, chacune de nos interventions auprès d'eux va leur donner l'occasion de nourrir le bon ou le mauvais chien.

Construisons une situation qui offre au cheval la possibilité de trouver une issue positive, et cette action renforcera le bon chien, qui deviendra plus fort, plus présent, et incitera à son tour le cheval à se comporter en un compagnon agréable. Au contraire fâchons nous, travaillons dans la peur et la violence et le cheval renforcera le mauvais chien, créant en retour plus de peur et de violence. Et quel plaisir lorsqu'après des mois de travail l'on sent que le "bon" chien est enfin devenu le maître chez le cheval, que le sommet de la colline est atteint et que désormais le chemin sera de plus en plus facile !

Alors, et vous, quel chien avez vous nourri aujourd'hui ?

samedi 10 janvier 2009

Foin à volonté

Au début du Nokota-Ranch, afin de suivre les principes du livre "Paddock Paradise", nous déposions aléatoirement des galettes de foin sur le parcours afin de casser les habitudes des chevaux et les inciter à marcher. Cela présentait toutefois un double inconvénient, celui de déposer le foin au sol (risque d'infestation parasitaire), et le fait que le foin était mangé rapidement. Nous avons utilisé ce système tant que nous n'avions que nos trois chevaux à la maison, avant l'arrivée des Nokotas.

Une fois ceux-ci arrivés, nous achetons deux grands filets à foin, afin de permettre de réduire leur vitesse d'ingestion. La petite troupe mange un filet rempli d'une botte de foin de Crau de 40 kilos en 3 ou 4 heures. Ce filet unique permet aux chevaux aussi de s'habituer les uns aux autres.

Il y a eu une période au printemps où nous avons utilisé 5 ou 6 petits filets à foin à mailles serrées, ce qui ralentissait la vitesse d'ingestion (la même botte de foin étant mangée en 5 ou 6 heures), et cela incitait les chevaux à plus bouger, mais exaspérés par les mailles trop petites, les chevaux ont fini par faire des gros trous dans les filets avec leurs dents. Nous avons donc retirés ces petits filets, sans regret d'ailleurs, cela prenait énormément de temps à remplir.
En été et en automne, nous fonctionnons en distribuant le matin une botte de 40 kilos de foin de Crau dans un filet et le soir nous remplissons les deux filets avec du foin de prairie, environ 60 kilos. Malgré tout, les chevaux restent quand même des périodes assez longues sans foin, de midi à 17h, heure de la distribution de luzerne, et de 2 h du matin à 8h du matin. Les chevaux ont également accés aux paddocks ou à la carrière en fin d'après midi où ils peuvent trouver un peu d'herbe.

Avec l'arrivée de l'hiver, et rebuté par le travail nécessaire pour remplir le soir les deux filets de foin de prairie, nous décidons de construire un nourrisseur qui donne aux chevaux un libre accés au foin. Cela leur permet de manger à leur faim et à leur rythme, les longues périodes le ventre vide étant extrémement nocives pour les chevaux, pouvant les conduire à des ulcères.
Etant donné le prix des nourrisseurs métalliques, je décide d'en construire un en bois, en choisissant de l'Epicea qui ne devrait pas être rongé par les chevaux. Un plan rapidement dessiné sur un bout de papier, un voyage à Brico-dépôt plus tard, je me retrouve avec un beau fagot de bois au milieu de la carrière. On visse, on cloue, on crée deux côtés que l'on transporte dans le Paddock, afin de les dresser et de fixer le toit et le fond du nourrisseur. Le quatrième côté est amovible, afin de pouvoir apporter le roundball à l'intérieur.
Voici notre oeuvre, remplie par un RoundBall de 300 kilos. Nous installons provisoirement une bâche sur le toit, qui est maintenant constitué de grandes plaques de toiture en tôle. Pour éviter que les chevaux ne le bougent, nous le fixons à un arbre.
Le roundball de 300 kilos est mangé en 5 jours environ, ce qui finalement revient pratiquement à la même quantité de foin de prairie que ce que nous leurs donnions précédemment. Nous continuons à leur donner une botte de foin de Crau dans un filet le matin (c'est important pour les poulinières gestantes et les poulains en croissance) mais nous supprimons la luzerne en fin d'aprés midi. Nous continuons à distribuer du grain matin et soir. On sent les chevaux un peu plus détendus de pouvoir manger à volonté, ils sont moins excités à l'heure des repas et plus relâchés au travail. C'est également moins de travail pour nous, et ils ne campent pas non plus en permanence autour du nourrisseur, maintenant qu'ils savent qu'il ne partira pas ils bougent, sont moins à passer des heures immobiles à attendre les repas.


Ici le round ball est pratiquement mangé. La caisse en bois est sensée éviter le gaspillage et éviter que les chevaux ne répandent le foin, toutefois ils en tirent quand même inévitablement à l'extérieur, mais le gâchis est sans commune mesure avec celui qui advient lorsque les roundballs sont en libre service directement posés au sol.
Lors de la vague de froid, nous découvrons que les chevaux ont tiré le foin à l'extérieur afin que les petits puissent dormir de façon confortable. Voici Thunder Butte qui dort dans son petit nid douillet.

vendredi 12 décembre 2008

Un Pryor Mountain Mustang en transit au Nokota-Ranch

Je suis en contact depuis quelques mois par mails avec Cédric, qui a eu le projet un peu fou d'importer des États-Unis un très rare Pryor Mountain Mustang. Comme pour les Nokotas, ce serait le premier cheval de cette espèce à traverser l'océan.


Entre passionnés de mustangs le courant est vite passé, et de fil en aiguille il est décidé que le Nokota-Ranch accueillera pour une nuit de repos Targa, le cheval de Cédric, lors de son voyage entre l'aéroport international d'Amsterdam et la Savoie où habite Cédric.


Mardi soir, le van conduit par Cédric et son épouse arrive au Ranch, on conduit Targa dans un box, puisqu'il n'aurait pas été raisonnable de le laisser dehors par cette nuit glaciale alors qu'il vient du Texas, et qu'il ne connaît pas non plus les clôtures électriques.


Il descend gentiment du van, pour un cheval qui voyage depuis quelques dizaines d'heures entre l'avion et le van, il est plutôt en bonne forme, mais pour fatiguer un Mustang je crois qu'il en faut un peu plus que ça !



Voici Targa dans notre box. C'est un jeune étalon de 6 ans qui a vécu en liberté dans les montagnes jusqu'à l'âge de 3 ans. On note son épaisse crinière typique des Spanish Colonial Mustang, ainsi que sa raie de mulet très marquée signe de la présence du gène Dun. Il est parfaitement agréable à manipuler et semble surtout content de ne plus être sur la route et de profiter d'une bonne nuit de repos.

Le lendemain matin, Targa nous fait comprendre qu'il resterait volontiers quelques jours de plus à la maison, en refusant obstinément de monter dans le van. A l'aéroport il y avait eu le même souci, résolu en bandant les yeux du cheval. Mais maintenant Targa sait très bien à quoi s'attendre et la ruse ne prends plus. Il dit non, gentiment mais très fermement. Il a parfaitement compris que s'il remontait dans ce van c'était pour y rester enfermé de longues heures. Pris d'une inspiration, j'essaie de le faire monter dans mon van qui est garé à côté. Il monte comme un gentil cheval sans opposer la moindre résistance, le problème n'est donc pas de monter dans un van mais l'intelligence de Targa qui sait parfaitement à quoi s'attendre dans l'autre van... Finalement après avoir essayé toutes les techniques classiques et n'ayant pas un emploi du temps extensible, on contourne la difficulté en montant Targa dans mon van, en plaçant l'arrière du van de Cédric collé à l'arrière du mien et en transférant le cheval d'un van à l'autre, ce qui ne lui a posé aucun problème. Vive les vans avec ponts à porte !

Tout comme le Nokota, l'histoire du Pryor Mountain Mustang est indissociable des grands espaces américains et de l'aventure humaine dans ces régions. Depuis les chevaux échappés aux colons espagnols, repris par les indiens, disparaissant avec eux et finalement trouvant dans les Parcs Nationaux un temporaire abris, que ce soient les Badlands pour les Nokotas ou les Pryor Mountains pour ces Mustangs.

Lourde responsabilité pour nous que d'avoir entre nos mains des chevaux si rares, à la fois porteurs d'un passé glorieux et en même temps si riches de potentialité et d'authenticité.


Souhaitons beaucoup de bonheur à Targa, Cédric et Karine !

samedi 6 décembre 2008

Selles sans arçons au Nokota Ranch

J'avais déjà essayé il y a quelques années la selle Barefoot lors de son arrivée en France, et si j'avais trouvé mon cheval bouger de façon très libre, elles n'étaient pas adaptées aux grands (et lourds) gabarits. J'avais utilisé successivement différentes selles sur ma jument, suivant les activités, de la selle de travail western à la selle d'endurance.
Suite au stage sur la locomotion organisé par Laurent Mezailles et Marie Odile Sautel, il faut se rendre à l'évidence, la selle d'endurance que j'utilisais beaucoup jusqu'à présent forme un pont et enfonce le garrot, il va falloir réagir rapidement pour permettre au dos et au garrot de se refaire.
Les discussions lors du stage, les mesures de pression effectués par Equimetric mettent en avant une nouvelle gamme de selles sans arçons allemande, les Startrekk.
Je prends rendez-vous avec Muriel qui distribue ces selles en France pour une séance d'essai complète, ne sachant trop vers quel modèle m'orienter.
En effet je prends tout autant de plaisir à partir en rando, monter western, faire un peu de dressage ou courir en endurance. La gamme Startrekk a une selle pour chacune de ces disciplines, il va falloir choisir !
Après les avoir toutes essayées, c'est finalement avec la selle islandaise que la jument est le mieux. Loukalem est parfaitement déliée, les transitions sont fluides, elle conserve bien son équilibre. Pour le cavalier l'assise et la position sont très confortables, mais cela va m'imposer de bien bosser mon équilibre et ma position, puisque le siège plat et l'absence de taquets m'obligent à bien être stable et à accompagner le cheval !

Loukalem sert de mannequin pour la selle Western

Essai de la selle islandaise, on part dans un bon trot...

Et l'on allooooooonge le trot !

Enfin un petit galop